À l’honneur : excellence en formation en soins intensifs neurologiques, soins virtuels d’avant-garde et travail de décolonisation

Les lauréat·es des Prix du leadership pour les médecins en début de carrière du Collège royal de 2025 innovent en formation médicale et améliorent la prestation des soins au Canada :

Une pionnière des soins intensifs neurologiques priorise l’apprentissage  

Julie Kromm, M.D., FRCPC reçoit le Prix du leadership pour les médecins en début de carrière du Collège royal – Formation médicale et développement professionnel continu.

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Dr Julie Kromm (photo soumise)

Leader émergente des soins intensifs neurologiques, la Dre Kromm est professeure clinique agrégée à l’Université de Calgary ainsi qu’intensiviste et neurologue au Centre médical Foothills, à l’Hôpital général Rockyview et au South Health Campus. Elle a obtenu le certificat du Collège royal en neurologie et en médecine de soins intensifs et a effectué une formation surspécialisée en soins intensifs neurologiques.

Selon Henry T. Stelfox, M.D., FRCPC, FCAHS, doyen adjoint de la Faculté de médecine et de dentisterie à l’Université de l’Alberta, « la Dre Kromm est une vedette et une leader émergente des soins intensifs et de la formation en soins intensifs neurologiques. C’est une enseignante, une coach et une mentore passionnée, inclusive, bienveillante, dévouée et stimulante, et une administratrice exceptionnelle en formation médicale. »

La Dre Kromm est motivée par l’urgence qu’elle ressent d’améliorer les soins intensifs neurologiques pour les patient·es et leur famille.

« Les personnes qui reçoivent des soins intensifs neurologiques présentent des troubles potentiellement mortels, comme un traumatisme crânien, une lésion cérébrale hypoxique-ischémique, des troubles neurovasculaires, des convulsions et des infections du système nerveux central, explique-t-elle. Bien qu’on ne les considère généralement pas comme une population mal desservie, elles le sont en quelque sorte, car elles sont souvent laissées pour compte. »

Déterminée à changer les choses, la Dre Kromm a lancé le premier programme de stages de perfectionnement en soins intensifs neurologiques fondé sur les compétences au Canada, qui connaît un immense succès. La qualité des expériences de formation clinique et universitaire est telle que le programme jouit d’une popularité mondiale, affirme le Dr Stelfox. « Créer de toutes pièces un programme de cette envergure est impressionnant. Constater qu’il s’est taillé en si peu de temps une réputation d’excellence à l’échelle internationale est remarquable. »

Grâce à ses efforts, la Dre Kromm a également reçu un don philanthropique de 2,5 millions de dollars afin d’offrir des soins intensifs neurologiques à Calgary. Ce financement appuie les soins avancés et la formation clinique de première ligne. « Je n’ai jamais participé à quoi que ce soit de ce genre auparavant », confie-t-elle. « J’ai énormément appris et des gens extraordinaires m’ont guidée en cours de route. »
 
En tant que directrice du programme de stages de perfectionnement en soins intensifs neurologiques et directrice adjointe du programme de soins intensifs à Calgary, la Dre Kromm est reconnue pour le soutien personnalisé qu’elle fournit à ses stagiaires.

« Elle a pris le temps de comprendre mes besoins d’apprentissage et elle a adapté son soutien pour m’aider à réussir », précise Danica Quickfall, M.D., FRCPC, maintenant intensiviste à Chicago. « La Dre Kromm a reconnu les défis particuliers des femmes en médecine et en soins intensifs. Elle a organisé et animé des rencontres spécialement pour celles qui participent à notre stage de perfectionnement et a instauré ainsi un dialogue ouvert sur des enjeux souvent sous-représentés dans la formation médicale. »

Un urgentologue crée un système de soins virtuels transformateur

Puneet Kapur, M.D., FRCPC reçoit le Prix du leadership pour les médecins en début de carrière du Collège royal – Politiques et systèmes de santé. 

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Dr Puneet Kapur (photo soumise)

Lors de la pandémie de COVID-19, le système de soins de santé de la Saskatchewan a dû trouver une solution immédiate à un problème que personne n’avait prévu : comment fournir des conseils médicaux en temps opportun à des milliers de patient·es quand les cabinets des médecins sont fermés.

En mai 2020, au plus fort des mesures de confinement, les appels reçus par le personnel infirmier à la ligne Info-santé (811) de la province ont décuplé, soit plus de 4000 en une seule journée. Résultat : le système téléphonique s’est effondré. La solution? Intégrer des médecins à la ligne Info-Santé pour que les patient·es puissent recevoir leur diagnostic et leur traitement virtuellement.

Fort de son expérience en informatique, le Dr Kapur, un urgentologue, a été embauché pour mettre sur pied et lancer le nouveau service.

« Il n’y avait pas de plan directeur, pas de budget ni de soutien administratif », se souviennent James Stempien, M.D., FCMF, chef du service de médecine d’urgence à la Saskatchewan Health Authority, et Brent Thoma, M.D., FRCPC, DRCPSC, doyen associé par intérim à la FMPD à l’Université métropolitaine de Toronto.

Travaillant seul à partir de son domicile, le Dr Kapur a bâti de toutes pièces le programme requis. Il a recruté et formé 30 médecins, créé des normes cliniques, élaboré des politiques et des procédures, et collaboré avec des leaders de toute la province.

Le programme VIBEX (Virtual Basic and Episodic Care) était né.

« Si j’ai apporté quelque chose d’efficace au système de soins de santé, c’est certainement en créant ce programme de médecine virtuelle », affirme le Dr Kapur. « J’ai eu plus d’impact sur la vie des patient·es et obtenu de meilleurs résultats que tout ce que j’ai fait auparavant. »

Les résultats sont éloquents : en quatre ans, le programme VIBEX a permis de fournir des soins à plus de 30 000 patient·es, et d’éliminer les visites à l’urgence dans 75 % des cas.

Le succès du programme a cependant soulevé un nouveau défi : éviter les fermetures des services d’urgence en milieu rural en raison de pénuries de personnel. Le Dr Kapur a adapté les leçons qu’il avait tirées de l’aventure VIBEX pour lancer le programme VIPER (Virtual Physician for Emergency Response), qui permet au personnel infirmier des hôpitaux en milieu rural de consulter des médecins par téléphone ou appel vidéo.

À ce jour, le programme VIPER a permis d’éviter plus de 250 jours de fermeture des services d’urgence en milieu rural et de maintenir ainsi les soins de proximité pour d’innombrables patient·es en Saskatchewan.

Un urgentologue pédiatrique s’efforce de décoloniser les soins de santé

Anas Manouzi, M.D., FRCPC reçoit le Prix du leadership pour les médecins en début de carrière du Collège royal – Pratique professionnelle et soins aux patients.

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Dr Anas Manouzi (photo soumise)

Après sa formation en médecine d’urgence pédiatrique, le Dr Manouzi a fait partie de la première cohorte « Hudson Scholars » sur l’équité, la diversité et l’inclusion du Département de pédiatrie de l’Hôpital pour enfants de la Colombie‑Britannique, un programme transformateur de deux ans. Pendant cette période, il s’est plongé dans la théorie critique de la race, l’histoire et les réalités du racisme en médecine, ainsi que les formes particulières du racisme envers les personnes autochtones dans les soins de santé.

Aujourd’hui, le Dr Manouzi met en pratique ces connaissances dans son service d’urgence en tant que responsable clinique pour l’équité en santé et la lutte contre le racisme.

« Le Dr Manouzi est un chef de file qui lutte pour la décolonisation dans notre institution; c’est un collaborateur qui n’a pas eu peur de remettre en question les modes de pensée traditionnels », affirme Garth D. Meckler, M.D., FRCPC, MSHS, un collègue en médecine d’urgence pédiatrique.

Par exemple, le Dr Manouzi a conçu et animé, en collaboration avec un groupe interdisciplinaire de collègues du service d’urgence et de l’équipe de santé autochtone, une séance spéciale sur la morbidité et la mortalité expliquant comment le racisme et la discrimination envers les Autochtones ont contribué au décès de Keegan Combes (voir l’étude de cas Remembering Keegan: A BC First Nations Case Study Reflection).

« Ce récit dévastateur décrit comment le racisme envers les personnes autochtones dans notre système de soins de santé a mené au décès d’un jeune Autochtone, explique le Dr Meckler. Même s’il n’a reçu aucun traitement à notre hôpital, nous avons présenté son histoire comme si tel avait été le cas et nous avons utilisé les informations et les enseignements des auteurs autochtones du rapport pour faire ressortir notre propre racisme structurel ainsi que les possibilités d’amélioration. »

Depuis, le service d’urgence s’est engagé à collaborer avec l’équipe de santé autochtone et à tenir des conférences annuelles sur la sécurité des patient·es pour contrer et prévenir le racisme et la discrimination envers les personnes autochtones. La conférence de cette année, à laquelle des Aîné·es et des gardien·nes du savoir ont participé, était axée sur le point de vue d’une famille directement touchée par cette forme de racisme et de discrimination.

De plus, le Dr Manouzi a dirigé une initiative multidisciplinaire, appelée « heure de l’équité en santé ». Dans le cadre de cette dernière, il anime des discussions ciblées sur des sujets entourant la lutte contre le racisme, le colonialisme et l’équité en santé.

« Je suis vraiment privilégié d’apprendre auprès des leaders autochtones locaux et de l’institution où je travaille à l’Autorité provinciale des services de santé », confie le Dr Manouzi. Celui-ci a été particulièrement influencé par les six enseignements dont Shane Pointe, Siem Te'ta-in, gardien du savoir salish du littoral, a fait don à son institution.

« Selon ces enseignements, il ne s’agit pas simplement de répéter sans fin "cette situation n’est pas de mon ressort", mais plutôt de continuer de m’en indigner. La façon dont je mets ces valeurs en pratique doit être cohérente. »

Selon une collègue, l’urgentologue pédiatrique Melissa Chan, M.D., FRCPC, l’empathie du Dr Manouzi lui permet de prodiguer des soins efficaces et holistiques aux patient·es et à leur famille en crise. Il défend ardemment les intérêts de ceux et celles qui pourraient être victimes de discrimination ou qui se heurtent à d’importants obstacles au sein de notre système de soins de santé. »